Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
197. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 Oktober 14
Paris 1646 Oktober 14
Kopien: AE , CP All. 78 fol. 137–143’ – Druckvorlage; Ass. Nat. 272 fol. 466–474’. Konzept
Lionnes: AE , CP All. 62 fol. 77–85.
Postangelegenheiten. Zur schwedischen Satisfaktion: Rechtfertigung der Forderungen; Versuch,
Schweden zur Mäßigung zu veranlassen; eventuell finanzielle Entschädigung einer Partei durch
Frankreich bei Überlassung von Benfeld und der Waldstädte. Verhalten La Gardies. Hoffnung
auf Waffenruhe. Instruktion für Turenne. Beilage: Wunsch Hessen-Kassels, Frankreich zur Par-
teinahme gegen Hessen-Darmstadt zu gewinnen. Dünkirchen. Haltung der Generalstaaten.
Furcht Spaniens vor militärischen Erfolgen Frankreichs. Anweisung, die Vertragsunterzeichnung
bis zum Feldzugsende hinauszuzögern. Herzog Karl. Gründe für Spaniens Friedensbereitschaft.
Folgen der Verzögerung der Verhandlungen. Bedeutung Léridas. Positives Verhalten des Papstes,
Venedigs und anderer italienischer Fürsten gegenüber Frankreich. Verweis auf nr. 199. Beginn
der Vertragsgültigkeit erst mit den Ratifikationen. Überlegungen zum Austausch von Plätzen.
Spanische Kritik am Entwurf des Vertrages mit den Niederlanden. Spanische Absichten für die
Annahme der niederländischen Mediation. Gewinnung von Chigi und Contarini angestrebt.
Erwerb von Joux wünschenswert.
On ne s’est pas hasté de renvoyer le sieur de Farceaux à Messieurs les Pléni-
potentiaires , parce qu’on a treuvé en lisant la dépesche dont il avoit esté
chargé que le dernier mémoire du Roy qu’on leur a addressé par un courrier
extraordinaire leur a pu donné assez de lumière des sentimens de Sa Majesté
sur tous les poinctz où ilz désiroient d’en estre esclairciz.
On a eu depuis par l’ordinaire leur dépesche du premier du courant qui pour
estre succinte ne laisse pas d’estre une des plus importantes et des plus agréa-
bles que l’on ayt receues de leur part.
Sa Majesté a esté très aise d’y veoir comme elle avoit faict dans la précédente la
confirmation de tous les advis qu’elle avoit eus et qu’elle a donnez ausdits Sieurs
Plénipotentiaires de la résolution que nos parties ont prise de nous satisfaire
et de conclurre promptement la paix; la conduitte que leurs plénipotentiaires
ont tenue en dernier lieu dans l’assemblée les justiffie bien plainement.
Les Impériaux ne se peuvent plaindre que d’eux-mesmes aussy bien que les
Espagnolz à l’esgard des Hollandois quand ilz treuvent les prétentions de la
Suède injustes et exhorbitantes. Il est arivé ce qu’on a pronostiqué il y a long-
temps aux uns et aux autres qu’il fauldroit qu’ilz ceddassent par un traicté
général et légitime ce qu’ilz n’offrirent que pour séparer la France d’avec ses
alliez, et comme pour prix de la défection où ilz vouloient porter ceux-cy.
Cependant Sa Majesté est très satisfaicte de la manière avec laquelle Messieurs
les Plénipotentiaires se sont conduictz envers les ministres de Suède pour les
obliger à se relascher un peu à nostre exemple pour le bien de la paix de la
haulteur de leurs demandes, et tant s’en fault qu’on ayt jugé icy inutiles les
diligences que lesdits Sieurs Plénipotentiaires ont employées, et les fortes rai-
sons dont ilz se sont serviz pour les persuader, qu’on a plustost esté estonné
de veoir qu’ilz les ayent pu porter sytost au poinct qu’ilz marquent par la
despesche du premier du courant sçachant par diverses expériences combien
les Suédois ont de fermeté et d’attachement à toutes leurs délibérations, no-
tamment quand la prospérité de leurs affaires y contribue, mais lesdits minis-
tres ayans escript en Suède pour obtenir le pouvoir qu’ilz n’avoient pas de se
relascher, et Messieurs les Plénipotentiaires y ayans aussy envoyé une per-
sonne expresse et escript
il y a d’aultant plus de lieu d’en espérer des responses favorables que le diffé-
rend est réduict aujourd’huy à la seulle ville de Stetin, et que Messieurs les
Plénipotentiaires mandent d’avoir eu lumières qu’il pourra s’adjuster avec
quelque somme d’argent que les estatz de l’Empire pourroient fournir, ou
pour desdommager Brandebourg ou pour contenter les Suédois et les faire
désister de la prétention de cette ville.
Cependant, en cas que tout ce que nous avons faict icy, à Munster et à
Stokolm pour obliger la reyne de Suède à faciliter les choses ne puisse la por-
ter à relascher Stetin, et que comme Messieurs les Plénipotentiaires tes-
moignent appréhender qu’il soit difficile de disposer les estatz de l’Empire
espuisez comme ilz sont de donner la somme qui sera nécessaire, quelque
envie et quelque besoin qu’ilz ayent de la paix, lesdits Sieurs Plénipotentiaires
verront s’il y auroit moyen d’accommoder l’affaire par l’ouverture qu’on leur
a suggérée d’icy que l’on ceddast Benfeld et quelques villes forestières à la
France, et qu’elle fournist une somme d’argent pour cela dont on pust satis-
faire l’une des parties qui contestent le point de Stetin. On juge que les estatz
de l’Empire y consentiroient volontiers tant pour s’exempter eux-mesmes de
payer la contribution qu’on leur demandera que pour avoir la paix sans re-
mise et que l’Empereur à la fin y donneroit les mains pour sortir prompte-
ment d’embarras.
On espère aussy un bon effect de la dépesche que le comte de La Garde,
ambassadeur extraordinaire de Suède en cette cour, a envoyée depuis peu par
courrier exprès à la reyne de Suède pour luy faire sçavoir ce qui luy a esté
représenté icy qui devoit obliger la Suède à faciliter la conclusion de la paix,
et sans délay ledit ambassadeur paroist estre persuadé de plus en plus des
raisons qui luy ont esté alléguées sur cela, et asseure que cette reyne y avoit
desjà une entière disposition.
Il a faict de grandes instances pour obtenir une lettre de Sa Majesté ausdits
Sieurs Plénipotentiaires telle qu’ilz la verront dans le duplicata qu’on met
dans ce pacquet. On n’a pas cru la luy debvoir refuser puisqu’elle ne contient
rien que lesdits Sieurs Plénipotentiaires ne disent tous les jours sans cela, oul-
tre que quand il l’a solicitée il a dict confidemment à monsieur le cardinal
Mazarin que sy elle produict l’effect qu’ilz se promettent de faire revenir nos
parties à leur poinct, la France devra estre bientost contente d’avoir par cette
voye procuré des advantages considérables à une couronne qui luy est alliée et
dont la puissance rejaillist à l’accroissement de la sienne, mais que quand avec
cette lettre on ne pourra pas obtenir ce qu’on espère, il croyoit estre assez
bien informé des sentimens de sa maistresse pour pouvoir asseurer qu’elle
faciliteroit aultant qu’il seroit en elle la prompte conclusion de la paix.
On a eu encores le motif en donnant cette lettre de contenter l’ambassadeur
qui a tesmoigné en son particulier la désirer beaucoup, peult-estre pour faire
veoir qu’il s’est meslé icy d’aultres choses que de complimens, et en effect il
s’y est très judicieusement conduict et a parlé de toutes les affaires très perti-
nemment .
Leurs Majestez ont eu une joye singulière d’apprendre que Messieurs les Plé-
nipotentiaires eussent convenu avec ceux de Suède et nos parties d’escrire à
monsieur le maréchal de Turenne et au maréchal Wrangel d’une suspension
d’armes pendant six sepmaines, et elles souhaittent extrêmement pour diver-
ses raisons que toutes choses se treuvent en tel estat que la suspension puisse
avoir effect, l’une affin que les armes cessans d’agir il n’arrive rien à l’un ou à
l’autre parti qui change la face des affaires, ny qui puisse obliger de mesme à
changer la négotiation qui prend un si bon train et l’aultre, parce qu’encore
qu’elles voyent bien qu’on ne se pouvoit conduire aultrement qu’on n’a faict,
elles ne laissent pas d’avoir grand desplaisir de ce que souffre Bavières après
s’estre employé avec tant de chaleur et de fruict pour la satisfaction des deux
couronnes et particulièrement pour la nostre.
On a despesché à toutes fins un courrier audit sieur maréchal de Turenne, et
on luy a renouvellé les ordres qu’il avoit euz d’exécuter ponctuellement ce qui
luy sera mandé par Messieurs les Plénipotentiaires.
Enfin cette suspension sera bonne, mais la paix vauldra encore mieux ne sem-
blant pas que les armes confœdérées treuvent cette grande facilité de faire des
progrès, ny qu’elles ayent les prospéritez au point que l’on s’estoit proposé
d’abord.
On envoye ausdits Sieurs Plénipotentiaires la copie d’un mémoire que le rési-
dent de Madame la Lantgrave
Dörnberg (s. [ nr. 8 Anm. 18 ] ).
France déclare pour ennemy le lantgrave de Darmstat, sur quoy Sa Majesté
avant que rien résouldre sera bien aise d’avoir leur advis et mesme s’ilz jugent
à propos d’y prendre eux-mesmes quelque résolution, Sa Majesté l’approuve
dès à présent, et sur l’advis qu’ilz luy en donneront confirmera toutes les dé-
clarations qu’ilz auront pu faire.
Die Einnahme Dünkirchens ist so gut wie sicher.
Mais sur ce propos Sa Majesté est bien aise de faire remarquer ausdits Sieurs
Plénipotentiaires que quelque affection que Pau, Knut ou quelques autres mi-
nistres de Messieurs les Estatz ayent pour le party contraire, quelque passion
qu’ilz puissent avoir pour faire promptement exécuter ce dont ilz sont conve-
nuz avec nos parties, et quelque diligence que madame la princesse d’Orange
fasse auprès de monsieur son mary ou à La Haye pour nous nuire, et les
aultres peuvent à la vérité rendre aux Espagnolz des services importans
comme effectivement celuy que ladite princesse leur a rendu en empeschant
monsieur le prince d’Orange d’attacquer Lyere et Malines
quasy treuvé aulcune résistance, est très considérable, mais que de tout cela
on doive inférer que Messieurs les Estatz Généraux soient jamais capables de
se porter à commettre une infidélité, on a tous les jours de plus pressantes
raisons pour ne le pas croire.
Depuis la déclaration que Messieurs les Estatz ont faicte de ne voulloir rien
conclurre que conjoinctement avec la France, haben sie verschiedene Befehle an
Tromp
weitere Schiffe gesandt. Mit dem Prinzen von Oranien sind die Generalstaaten
unzufrieden, da er auf ihre Aufforderung, sich militärisch zu engagieren, mit Aus-
flüchten reagiert hat. Sie haben ihn erneut angewiesen, Venlo und Roermond an-
zugreifen .
Il est vray que Messieurs les Estatz voyant la façon d’agir de monsieur le
prince d’Orange et que toutes leurs intentions et leurs ordres sont éludez de-
voient prendre d’aultres résolutions qu’ilz n’ont faict pour y remédier, et
mesme celle de l’obliger comme ilz luy avoient faict proposer à remettre le
commandement de l’armée au prince Guillaume qui est en des sentimens di-
rectement opposez à ceux de sa mère, et qui ne perd aulcune occasion de
donner des preuves de son affection envers cette couronne. Il ne fault pas
espérer de veoir prendre des résolutions sy hardies en un corps composé de
tant de testes et qui ont souvent entre elles des intérestz bien différens.
Tout ce que l’on peult conclurre de ce que dessus est que sy lesditz Estatz
n’ont pas la vigueur qui seroit à désirer pour pousser à bout nos ennemis, et
s’ilz tesmoignent avoir plus de jalousie du voysinage d’un amy puissant que
d’un ennemy foible, au moins ont-ilz recognu qu’il est de leur intérest de ne
pas mescontenter la France et ont résolu ensuite de ne point conclurre d’ ac-
commodement qu’avec elle, et cela d’aultant plus qu’ilz sont d’ailleurs per-
suadez qu’elle désire effectivement la paix, et qu’ilz voyent bien qu’allans
tousjours de concert dans la négotiation oultre qu’ilz s’asseureront les mesmes
advantages avec beaucoup plus de seureté, ilz pourront en paix et en guerre
faire un estat certain de l’amitié et de la bonne correspondance d’un puissant
royaume qui ne sera pas la pièce la moins solide de l’affermissement et de la
durée de leur républicque. Die Generalstaaten haben sich selber durch die Passi-
vität ihrer Armee geschadet.
Cette digression touchant Messieurs les Estatz a semblé nécessaire particuliè-
rement pour oster à Messieurs les Plénipotentiaires les scrupules qu’ilz ont
eus que la France venant à diférer quoyque pour peu de temps la conclusion
de la paix affin de s’asseurer les progrès qu’elle peult espérer de faire en divers
endroictz le reste de cette campagne, noz alliez fussent capables de prendre de
là occasion de nous manquer. Il y a grande apparence que le désir de sauver
Donkerque est ce qui a sy fort pressé les Espagnolz de se haster comme ilz
font à conclurre la paix, puisque comme lesdits Sieurs Plénipotentiaires ver-
ront par la copie qu’on leur addresse de la capitulation de cette place , le
marquis de Lède
esté faicte avant ce jour-là.
On juge de mesme que pour sauver Lérida, et ce qu’on pourra prendre en
Italie et arrester les progrès que monsieur le duc d’Anguien pourra encor faire
le reste de cette campagne en Flandre où la foiblesse des ennemis est grande et
la consternation des peuples au dernier point, les ministres d’Espagne conti-
nueront à haster aultant qu’il sera en eulx la conclusion de l’accommodement
affin d’essayer de se garentir par ce moyen des préjudices dont ilz sont mena-
cez pendant le temps qui reste pour agir.
Messieurs les Plénipotentiaires ont faict paroiste leur prudence accoustumée
dans la conduicte qu’ilz ont tenue sur l’empressement que les députez de
Messieurs les Estatz ont d’arrester sans délay les conditions de la paix, se
gouvernans en sorte que quand il eust esté en leur pouvoir de conclurre
d’abord l’accommodement que l’on veoid bien qu’il n’estoit pas possible, ny
lesdits députez ny ceux d’Espagne ne se fussent apperceuz du véritabele sub-
jet du retardement qu’ilz auroient apporté, et n’auroient pu se plaindre qu’il
procédast d’aultre cause que des difficultez sans nombre qu’entraisne avec soy
ordinairement la discution de tant de différens poinctz qu’il fault ajuster dans
une affaire espineuse et de la plus grande conséquence qui se puisse traicter.
Ilz auront pu remarquer dans le dernier mémoire qu’on avoit eu icy la
mesme pensée quoyqu’elle paroisse assez superflue, car on veoid assez par
l’estat des affaires que quand mesme nous aurions dessein de haster l’ accomo-
dement avec plus de précipitation que n’en tesmoignent les Espagnolz, il
nous seroit comme impossible d’avoir ajusté tant de pièces en moins de temps
que de six sepmaines. Mais en cas qu’il se rencontrast aultrement que nous ne
pensons, comme Leurs Majestéz veullent absolument proffitter du reste de
cette campagne et ce qui sera treuvé juste de tout le monde après tant de
despenses qu’elle leur a cousté, elles désireroient que lesdits Sieurs Plénipo-
tentiaires continuassent à se conduire en la manière qu’ilz ont commencé,
c’est-à-dire qu’ilz esloignassent la signature du traicté soubz quelques prétex-
tes sans faire paroistre d’affectation, en quoy ilz n’auront pas besoin de toute
leur addresse puisque la nature de la chose leur en fourniroit assez de moyens,
sans que les plus criticques pussent en attribuer la cause à la visée particulière
que nous avons.
Le mémoire précédent contient une ouverture là-dessus qu’on pourroit pra-
ticquer que le traicté ne commençast d’avoir son effect que d’un jour certain
dont on pourroit convenir et qui seroit désigné pour la délivrance des ratiffi-
cations de part et d’autre.
On pourroit stipuler et demeurer d’accord pour la Cathalogne, et ce seroit le
mieux à cause de l’incertitude du temps que Lérida pourra estre pris, que la
trêve dudit pays commencera du jour que l’on aura veu l’événement du siège
et que la place de Lérida demeurera aux Espagnolz sy nous en sommes chas-
sez ou obligez par quelque autre accident de nous en retirer, ou bien à la
France sy nous l’emportons et pour comprendre tout en un seul mot, que le
siège de Lérida aura son cours et son effect.
On pourroit convenir pour l’Italie qu’on dépescheroit un courrier aux géné-
raux qui commandent nostre armée, et il seroit dict que du moment de son
arivée dans ladite armée toutes hostillitez cesseroient et ce qui auroit esté pris
avant cela nous demeureroit et sy on prenoit quelque chose après nous
serions obligez de le restituer.
Que sy les Espagnolz faisoient difficulté de s’accommoder à ces partys, il
n’est que trop certain qu’il surviendra tousjours diverses occasions légitimes
de prolonger la négotiation, sans qu’on puisse nous l’imputer, et à nostre du-
reté , les Espagnolz eux-mesmes viennent de nous en fournir un subjet bien
plausible et sans réplicque par la déclaration qu’ilz ont faicte de ne pouvoir
rien conclurre qu’avec l’Empereur, cette connexité et relation qu’ilz ont mise
du traicté d’Espagne avec l’accomodement de l’Empire y apportera nécessai-
rement du délay puisqu’avant que pouvoir passer oultre en celuy-cy, il fauldra
attendre les responses de la cour de Suède aux lettres qu’on y a escriptes.
L’affaire du duc Charles donneroit aussy en cas de besoin assez de lieu de
prolonger sy tant est que nos parties insistent tousjours à luy faire donner
satisfaction, peult-estre mesme que nous voyant tenir ferme la passion et la
nécessité qu’ilz auront de conclurre à quelque prix que ce soit les obligera
d’abbandonner entièrement ce prince ou de le faire contenter de l’ entretène-
ment que Messieurs les Plénipotentiaires ont faict espérer pour luy aux minis-
tres de Hollande, n’y ayant aulcune apparence que dans le mesme temps que
pour se tirer d’embarras, ilz consentent à nous laisser ce que nous leur avons
pris en cette guerre: ilz veullent la continuer pour les intérestz du duc Charles
duquel mesme nous sçavons fort bien qu’ilz sont mal satisfaictz, mais pour ce
qui regarde ledit duc Messieurs les Plénipotentiaires verront dans un pappier
à part tout ce que Leurs Majestéz ont cru leur en devoir mander.
Enfin, comme on a desjà mandé ausdits Sieurs Plénipotentiaires, il n’y aura
pas grand inconvénient que les Espagnolz croyent et sçachent que nous ne
voulons pas perdre les fruictz que nous sommes à la veille de recueillir de tant
de travaux et de despenses de cette campagne. Ilz pourront bien s’en fascher
pour le mal qui leur en arivera, mais non pas s’en plaindre raisonnablement
après tant de protestations qu’on leur a faictes que nos prétentions augmente-
roient à mesure que nos progrès, ny changer de volonté et de résolution de
faire la paix.
Premièrement, parce que la nécessisté qu’ilz en ont de tous costez ne leur
peult permettre d’en user aultrement.
En deuxième lieu, parce que l’accommodement de l’Empire, qu’il semble que
l’on ne puisse plus revocquer en doubte, les obligeroit tousjours à faire le
leur.
En troisième lieu, parce que sy présentement ilz désirent de conclurre, il est
indubitable que l’envie leur redoublera de moytié quand ilz verront Donker-
que et Lérida entre nos mains, et peult-estre d’aultres choses que nous aurons
peu prendre en Italie et en Flandre, qui nous rendront plus considérables et
nous auront mis plus en estat de leur faire du mal que nous ne sommes au-
jourd ’huy.
En quatrième lieu, parce qu’ilz ne sçavent où mettre leurs troupes en quartier
d’hyver en Flandres, ne leur restant pour les tenir en seureté qu’un espace de
pays qui est trop estroict, et sy la nécessité les forçoit à s’en servir il est certain
qu’ilz achèveroient de jetter les peuples dans le dernier désespoir, ce qui n’est
pas une des moins pressantes raisons qu’ilz ayent pour se haster de con-
clurre .
Enfin Sa Majesté juge que prolongeant ainsy pour peu de temps la négotia-
tion , la France a beaucoup à espérer et rien du tout à craindre.
Pour ce qui regarde la crainte, le pis qui nous puisse ariver est de ne rempor-
ter aulcun aultre advantage sur les ennemis que ceux que nous avons desjà,
car au surplus l’appréhention qu’ilz auront que sy une fois nous avons pour-
veu au fonds nécessaire et aux préparatifs de l’année prochaine, comme en
effect on n’y perd point de tempz, nous ne voulions veoir ce qu’elle pourra
produire, joincte à l’impossibilité qu’ilz auront de donner des quartiers
d’hyver à leurs troupes de Flandres, les maintiendra tousjours dans la volonté
et dans la résolution de faire la paix sans délay aussytost qu’ilz le pourront.
Harcourt glaubt an eine baldige Einnahme Léridas. Möglicherweise schätzt er die
Lage falsch ein.
En tout cas, Sa Majesté juge que pour le regard des Catalans et pour nous
conserver leur affection qui est sans doubte la meilleure place que la France
ayt dans le pays, il vauldroit mieux que Lérida nous eschappast, les ennemis
nous forçant de nous en retirer par un eschec que nous y receussions, que sy
la conclusion d’un accomodement nous l’ostoit estant sur le point d’y entrer,
parce qu’au premier cas ces peuples-là verroient que c’est un accident de ceux
qui arivent assez ordinairement dans la guerre, mais l’aultre leur feroit
soupçonner que la France n’a pas grande envie de retenir cette principaulté,
puisqu’elle mespriseroit un sy bon boullevard pour mettre à couvert le meil-
leur pays qui est la plaine d’Urgul et la ville mesme de Barcellonne.
Der Feldzug in Flandern ist mit der Einnahme Dünkirchens noch nicht beendet;
wünschenswert wäre die Öffnung einer freien Kommunikationslinie zwischen
dem Meer und der Lys. Gramont ist mit seiner Kavallerie bei Sedan eingetroffen.
– Unsere Flotte ist auf Elba gelandet, um Porto Longone zu belagern.
On a nouvelles de Rome du 24 du passé que le Pape continuoit tousjours à
faire de grandes protestations qu’il vouloit donner entière satisfaction à la
France.
La républicque de Venise a remercié Leurs Majestez du secours des vaisseaux
aux termes les plus expressifs qu’il se peult d’une parfaicte obligation et reco-
gnoissance ; elle a faict tesmoigner aussy qu’elle se resjouissoit extrêmement
de tous les advantages et prospéritez de cette couronne, et que quelques pro-
positions qu’on luy eust faictes de ligues et d’unions, elle avoit tout rejetté et
ne falloit pas qu’on appréhendast qu’elle se laissast jamais porter à rien qui
pust tant soit peu desplaire à Leurs Majestez.
La conduicte de monsieur le grand-duc de Toscane est toute telle que Sa Ma-
jesté peult désirer, et il se dispose tellement à exécuter la neutrallité qu’il a
conclue
retour de l’armée navalle qu’il a pris ce temps pour licencier la plus grande
partie de celles qu’il avoit sus pied.
Le nouveau duc de Parme
et du cardinal son oncle
la protection qu’elles avoient accordée au feu duc son père, et asseurer de sa
dévotion et de son attachement à cette couronne.
Le cardinal Farnese offre en mesme temps de se déclarer publicquement pour
ce party sy le Roy continue à luy vouloir donner les assistances et la pension
qu’on luy avoit offert lorsqu’il fut promeu au cardinalat qu’il ne put accepter
dépendant de la volonté de son frère.
Le duc de Modène a escript depuis l’arrivée du marquis de Calcagni
Mario Calcagnini, marchese (um 1600-nach 1695?), befand sich (vermutlich seit 1634) im
Dienst des Hg.s von Modena, für den er mehrfach diplomatische Missionen unternahm. Im
März 1646 befand er sich als ao. Ges. in Paris, um die frz. Krone um Unterstützung der
Ansprüche Modenas auf die Abtei Pomposa zu bitten ( DBI XVI S. 502f.; Repertorium
S. 329, 333–336).
luy qu’il n’attend que les ordres de Leurs Majestez pour faire de sa personne,
de se troupes et de ses Estatz ce qu’elles vouldront luy commander.
Voylà l’estat présent des affaires lequel quoyque très florissant et plain de
belles et solides espérances, n’altère en rien la résolution que Leurs Majestez
ont prise de donner le repos à la chrestienté, à la seureté duquel ne contribue-
ront pas peu les advantages que nous avons jusqu’icy remportez et que nous
pourrons remporter encor le reste de cette campagne sur ceux dont l’ambition
immodérée a tousjours troublé la tranquilité publicque.
Sa Majesté a considéré le mémoire que Messieurs les Plénipotentiaires ont
donné aux ministres de Messieurs les Estatz touchant les conditions de la paix
avec Espagne ; elle l’a treuvé entièrement conforme à ses intentions et très
judicieusement dressé. On y a seulement faict quelques observations que les-
dits Sieurs Plénipotentiaires verront dans un pappier séparé à costé des
poinctz mesmes qui en ont fourny le subjet.
Messieurs les Plénipotentiaires ont reparty très prudemment à la question que
leur ont faicte les ministres de Hollande, s’ilz n’entendoient pas que les hos-
tillitez deussent cesser du jour de la signature du traicté. Il est certain que
quelques clauses qui soient insérées dans les plains pouvoirs des uns et des
autres pour valider dès lors tout ce qui sera arresté, les traictez ne prennent
leur force que du jour de la ratiffication, et la précaution que les Espagnolz
ont eue d’envoyer par avance leur ratiffication ne suffira pas, estant nécessaire
d’attendre aussy celle de Sa Majesté et que toutes deux soient délivrées.
La proposition de déposer entre les mains des Estatz de part et d’autre les places
de l’eschange desquelles on seroit convenu est très bonne, et on ne veoid pas
présentement qu’il y ayt un meilleur moyen que celluy-là pour asseurer l’ exé-
cution de ce dont on pourra demeurer d’accord touchant ledit eschange.
On a advis d’Espagne que l’on n’y est pas fort satisfaict des articles 16 et 17
du traicté projecté entre eux et lesdits Estatz
Art. 16 der 70 provisorischen ndl.-span. Artikel (s. [ nr. 50 Anm. 3 ] ) regelte die Bestattung von
Niederländern in span. Herrschaftsgebiet, Art. 17 gegenseitige Zugeständnisse in der Religions-
ausübung .
treuvé beaucoup à redire au préambule, où entre autres choses on qualifie
ceux-cy provinces libres par le passé, pour le présent et pour l’avenir, et qu’on
se fust sy fort avancé sans avoir rien arresté avec eux, et sans les avoir séparez
de la France, cela leur a donné du desgoust, mais ce ne sont pas choses qui
puissent empescher qu’on ne passe oultre à cet accommodement.
Nous avons esté en peine aussy bien que Messieurs les Plénipotentiaires de
veoir que les Espagnolz qui sont sy bien avec le Pape traictent sy mal son
ministre que sur le point de conclurre la paix ilz luy ostent aussy bien qu’à
celuy de la républicque de Venize l’affaire des mains, mais comme la prise de
Donkerque nous doibt faire perdre le soupçon que Messieurs les Plénipoten-
tiaires avoient là-dessus, on a jugé que la véritable raison qui a obligé les
Espagnolz à se jetter de la sorte entre les bras des Hollandois, c’est qu’ilz
croyent que la France ne veult point la paix, et qu’ilz espèrent que faisant
toucher au doigt cette vérité à Messieurs les Estatz par les propositions advan-
tageuses qu’ilz nous feront et que nous rejetterons, et les engageans à en estre
les médiateurs, il leur sera plus aisé de porter après les Estatz à traicter sépa-
rément , mais nous ne devons point estre en soucy de la visée qu’ilz ont, parce
qu’effectivement Leurs Majestez veullent la paix, et que les intentions sur ce
poinct ne pouvant estre plus sincères, les ennemis ne pourront pas tirer
l’advantage qu’ilz se sont proposez de cette conduicte.
Cependant Sa Majesté a estimé que Messieurs les Plénipotentiaires doivent
s’estudier dans cette conjuncture à bien traicter les médiateurs et à les carres-
ser tant pour confirmer le Pape dans la résolution qu’il a prise de considérer
cette couronne d’une aultre façon qu’il n’a faict jusqu’icy que pour essayer de
les gagner à nous à présent qu’ilz ont tant de subjet d’estre mal satisfaictz des
Espagnolz.
Messieurs les Plénipotentiaires sçauront que la couronne de Suède a possédé
jusqu’icy dans la Franche-Comté un petit poste nommé Joug
à nostre bienscéance, estant le seul passage qu’il y a dans ce pays-là pour les
charrettes qui ont à aller de la Franche-Comté dans la Suisse. Sa Majesté ne
sçait pas en quel estat est cette affaire, ny ce que les Suédois prétendent que
devienne cette place. En tout cas Sa Majesté désire que Messieurs les Plénipo-
tentiaires travaillent à faire s’il est possible que ledit poste tumbe entre nos
mains, et s’ilz jugent qu’il vaille mieux que cela soit traicté à Stokolm ilz
pourront en escrire au sieur Chanut.